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dimanche 25 septembre 2011

La difficile reconversion des sportifs de haut niveau

Lucie Décosse, stars du judo français féminin. Actuellement au top mondial, la judoka suit en parallèle une formation de journaliste. Ici, après sa médaille d'or aux Championnats du Monde de Paris en août dernier

Selon leur sport, leur sexe, leur médiatisation, les athlètes de haut niveau ne sont pas tous armés pour anticiper correctement leur après-carrière. Le volley et le hand sont parmi les disciplines les plus favorables à une reconversion réussie.

En sortant il y a quelques semaines son livre «Quand j'étais Superman», l'ex-rugbyman professionnel Raphaël Poulain ne pensait peut-être pas rencontrer une telle promotion pour sa première oeuvre. Son témoignage fait pourtant écho à l'expérience de dizaines d'anciens sportifs de haut niveau n'ayant pas su gérer assez tôt ou assez sérieusement leur après-carrière. Alors qu'il tente une carrière de comédien, l'ancien joueur du Stade Français est toujours au RSA...
Insouciance, carrière fantasmée, ivresse du sport business... nombreuses sont les embûches à une deuxième vie professionnelle réussie. «La reconversion d'un sportif de haut niveau doit être pensée le plus tôt possible, même si les choix de formation que l'on fait à 18 ans ne sont pas forcément les mêmes que les envies de fin de carrière», insiste Bruno Martini, ancien gardien de l'équipe de France de handball et aujourd'hui manager général du Paris Handball.

« Le plus tôt possible »

Ne rien faire dans l'urgence: le conseil est aujourd'hui admis par tous les acteurs entourant un athlète (entraineurs, associations, sociétés de conseils aux sportifs, parfois les agents). De nombreuses entités tentent d'établir des ponts entre le monde sportif et celui de l'entreprise. Renault, partenaire officiel du XV de France, vient de lancer avec Provale (syndicat des joueurs professionnels de rugby), un programme proposant un parcours professionnel à d'anciens joueurs professionnels. Un type d'initiative d'autant plus fréquent que les valeurs du monde sportif (combativité, goût de l'effort...) sont fortement valorisées dans le monde de l'entreprise.
Dans les faits, le discours a bien plus de mal à passer chez les jeunes, notamment dans les sports les plus médiatiques, comme le football. «Aujourd'hui, un jeune footballeur de 15-16 ans en centre de formation gagne déjà 500 à 600 euros par mois et devient professionnel dès 18 ans, avec un beau salaire» explique Sébastien Pampanay, directeur de l'Ecole des métiers du sport professionnel, qui travaille avec les clubs de foot sur la formation des jeunes sportifs. «Même dans les sports individuels moins connus, comme le ping-pong, un jeune pongiste de 16 ans gagne dans les bons clubs de 3500 à 4000 euros nets par mois. Après ça, allez leur demander de passer le bac!», renchérit Thierry Maudet, directeur général de l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (INSEP), qui forme et prépare des sportifs individuels de haut niveau.

Responsabilité sociétale des clubs

Les sports moins médiatisés comme le handball et le volleyball sont de leur côté plus favorables à une reconversion réussie. Moins concernés par des revenus précoces et faramineux, les jeunes sportifs gardent «la tête sur les épaules». D'autant que leur visibilité médiatique moins forte ne favorise pas les sponsors et les contrats publicitaires très généreux. «Les clubs sont en train de comprendre qu'ils ont une responsabilité sociétale quant à l'accompagnement post-professionnel de leurs joueurs», ajoute Bruno Martini, dont 80% de ses joueurs suivent une formation parallèle.
En rugby, la professionnalisation du sport fait parfois perdre la tête aux jeunes générations, mais celles ayant connu la période amateur ont pris les devants. Avec des fortunes diverses. Spa Kemana, le centre de thalassothérapie de Serge Betsen, ex-international du XV de France, a déposé le bilan en début d'année, faute d'une implication suffisante dans la gestion de son entreprise reconnaît-il lui-même. Pas de quoi échauder ses frères de crampons, «qui ne connaissent pas le professionnalisme déconnecté des réalités», explique Miguel Fernandez, agent de joueurs». Sur les 30 rugbymen français partis en Nouvelle-Zélande, 14 ont une activité parallèle, comme Lionel Nallet (pièces mécaniques), Imanol Harinordoquy (marque de vêtement) ou Vincent Clerc (Team One Groupe: événementiel et marketing sportif).
Toutefois, malgré la bonne volonté, la formation reste une question de priorités, voire de sacrifices. Ses 30 ans bien entamés, Bruno Martini a dû changer deux fois de club avant de trouver à Nîmes un cadre aménagé lui permettant de passer son diplôme de manager de club.

Lignes de fracture selon les sports

Globalement, des lignes de fracture influent sur la précocité et la qualité de la préparation d'une après-carrière. Que l'on soit homme ou femme, sportif international ou non, et dans un sport collectif ou individuel, la gestion de la retraite sportive varie beaucoup. Toutefois, la principale différence réside entre les sports très médiatisés et ceux plus confidentiels. Dans les premiers cas, les gains financiers plus élevés ne favorisent une prise de conscience de l'athlète face à l'importance de se constituer rapidement un capital, et de se former. «En France, seuls 150 footballeurs sur les quelque 2000 professionnels en activité n'ont pas à se préoccuper financièrement d'un second projet de vie, prévient Sébastien Pampanay. Pourtant, penser à sa reconversion ne fait toujours pas partie de la démarche naturelle d'un footballeur professionnel, à l'inverse d'autres sports où la mentalité est différente».
A titre d'exemple, la judokate Lucie Décosse, triple championne du monde et quadruple championne d'Europe de sa discipline suit parallèlement une formation de journaliste avec le CFJ. Une femme dans un sport individuel, à l'économie bien moins développée que celle du foot ou du rugby serait plus consciente du moindre potentiel financier de sa carrière. Mais les exceptions existent, comme le médiatique Mickaël Landreau, footballeur et actuel gardien de but du club lillois du LOSC, aujourd'hui en cours de formation (master de management).
Au final, la question de l'encadrement et de la formation du sportif selon sa discipline restent déterminants. «Il n'y a pas un sport, mais des sports, avec des réalités différentes, avertit Thierry Maudet de l'Insep. Le problème actuel est qu'on a cloné le même mode d'organisation pour toutes les disciplines. Une gymnaste a donc un volume d'entrainement égal voire supérieur à celui d'un footballeur, pour évoluer dans un sport au modèle économique inexistant!». De ce point de vue, le cadre familial et la maturité du sportif font souvent la différence. «Trop de jeunes sportifs n'ont pas encore conscience de ces contraintes financières. Ils rêvent de se réaliser dans leur sport, de «faire carrière» et d'en vivre, poursuit le dirigeant de l'école du sport. Il faut leur faire comprendre que la responsabilité qu'ils ont sur le terrain, il faut la prendre aussi dans la vie».
source:Le Figaro.fr


 

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