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vendredi 1 avril 2011

Microsoft attaque Google à Bruxelles


Pour la première fois de son histoire, le champion des logiciels porte plainte pour abus de position dominante. Il vise le marché de la recherche sur Internet, celui des liens sponsorisés et un accès «juste» à YouTube.

Microsoft est coincé par Google. Le numéro un mondial des logiciels estime que son concurrent le bride dans la recherche sur Internet, le marché des liens sponsorisés et l'accès au site de vidéos YouTube. Pour la première fois de son histoire, Microsoft, dirigé par Steve Ballmer, a décidé de sortir l'arme de la plainte pour abus de position dominante. Le géant de Redmond profite de l'enquête européenne, entamée le 30 novembre, pour ajouter sa voix au concert des plaignants, «pour savoir si Google a violé le droit européen de la concurrence», écrit Brad Smith, le patron des affaires juridiques de Microsoft sur un blog de l'entreprise. Bruxelles «a pris note de la plainte et, selon la procédure, va informer Google et lui demander de répondre», indique la porte-parole de Joaquin Almunia, commissaire à la Concurrence.
Microsoft porte plainte en Europe car, sur le Vieux Continent, «Google détient environ 95% du marché de la recherche sur Internet», souligne Brad Smith. Mais, aux États-Unis, grâce à son accord avec ­Yahoo!, Microsoft revendique un quart du marché. Pour protéger ses milliards investis dans son moteur de recherche Bing, Microsoft réclame un marché «juste et ouvert à la compétition».

Ironie de l'histoire

Plusieurs exemples illustrent les comportements de Google. Microsoft estime que Bing ne peut pas accéder, pour un nombre croissant de raisons techniques imposées par son concurrent, au site YouTube, acquis en 2006 par Google. Bing ne peut donc pas fournir les bons liens aux vidéos recherchées par les internautes. De plus, l'accès aux informations de YouTube aurait été refusé à Microsoft pour ses smartphones, contrairement aux Google Phone et même à l'iPhone d'Apple. Ensuite, Google voudrait se réserver l'usage exclusif de contenus, notamment les «livres orphelins», dont le droit d'auteur ne peut pas être revendiqué.
Plus grave, les annonceurs ne peuvent pas utiliser les données, fournies à Google pour créer des campagnes publicitaires, sur la plate-forme de liens sponsorisés de Microsoft. Pour réutiliser ces données, les annonceurs devraient réaliser des développements techniques qui augmenteraient le coût de leurs campagnes.
Ainsi, Bing ne peut pas être aussi «riche» dans son indexation d'Internet que Google. Brad Smith a conscience de l'ironie de l'histoire: Microsoft a dû combattre une décennie avec Bruxelles, qui lui imposa 1,39 milliard d'euros d'amendes pour abus de position dominante. De son côté, Google risque d'écoper d'une amende maximale de 2,9 milliards de dollars, soit 10% de son chiffre d'affaires, et de devoir changer de comportement.