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samedi 24 mars 2012

Calvitie : sur la piste de nouveaux traitements

L'arsenal pour combattre l'alopécie androgénétique pourrait s'enrichir de nouvelles molécules.
Pour cacher leur calvitie, les hommes n'auront peut-être bientôt plus besoin de sacrifier à la mode du crâne rasé ou de réaliser de coûteux implants. Des chercheurs américains auraient en effet identifié une molécule responsable de la chute des cheveux: la prostaglandine D2. Des traitements ciblant cette voie seraient déjà en cours de développement selon la revue américaine Science Translational Medicine publiée le 21 mars 2012. La calvitie ou alopécie androgénétique débute le plus souvent avant 40 ans et concerne environ un homme sur deux à 50 ans. La calvitie dépend de certaines hormones mâles, les androgènes et plus particulièrement de la testostérone. Celle-ci, une fois transformée en dihydrotestostérone (DHT), accélère le processus de fabrication des cheveux qui vont se renouveler de plus en plus vite. Le follicule s'épuise, les cheveux deviennent de plus en plus fins puis le follicule meurt. Ce phénomène est également lié à une prédisposition génétique.
En analysant le cuir chevelu d'hommes dégarnis, les chercheurs ont constaté une forte concentration dans les cellules des follicules pileux de prostaglandine D2. Ils ont mené des expérimentations sur des souris transgéniques produisant de forts taux de cette prostaglandine qui sont devenues totalement chauves. Puis, ils ont transplanté des cheveux humains sur une autre lignée de souris et leur ont ensuite administré la prostaglandine. Les cheveux ont alors cessé de pousser. Selon George Cotsarelis qui a conduit les recherches, ces résultats montrent que la prostaglandine est très présente dans les cuirs chevelus chauves, et qu'elle inhibe la pousse des cheveux. Pour lui, la prochaine étape va consister à trouver des composés bloquant la production de prostaglandine mais aussi à découvrir si cette action renverserait la calvitie ou la préviendrait. Le médicament promis n'est donc pas pour demain.

«En collyre contre le glaucome»

D'autres prostaglandines pourraient être commercialisées bien avant. «Lors de l'administration de prostaglandines ou d'analogues utilisés en collyre contre le glaucome, il a été constaté que les cils étaient plus longs et plus épais», rapporte le Dr Pascal Reygagne, dermatologue attaché à l'hôpital Saint-Louis (Paris). L'une des molécules a obtenu une autorisation aux États-Unis pour améliorer les cils en cosmétique et elle est à l'étude dans la calvitie. Dans ce cas, la prostaglandine favorise la repousse du cheveu. Ce qui n'est pas contradictoire avec l'étude américaine.
«Les prostaglandines peuvent avoir des effets différents», souligne le Dr Pierre Bouhanna (hôpital Saint-Louis-Paris). Pour les spécialistes, la voie des prostaglandines est une des pistes dans la prise en charge de la calvitie. «D'autres nouveautés sont arrivées dans ce domaine, comme le Platelet Rich Plasma. Le principe est de récupérer sur un prélèvement sanguin après centrifugation le plasma riche en facteur de croissance. Il était utilisé lors des greffes de cheveu et nous nous sommes rendu compte qu'il favorise la croissance des cheveux intermédiaire ou du duvet», explique Pierre Bouhanna. Autant de pistes prometteuses mais qui nécessitent que le cheveu n'ait pas complément disparu pour être efficace.
source: Le Figaro.fr