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samedi 3 mars 2012

Marine Le Pen court après ses parrainages

Marine Le Pen, qui visitait vendredi le Salon de l'agriculture, à Paris, affirme qu'il lui manque encore 48 des 500 signatures nécessaires pour concourir. Crédits photo : PHILIPPE WOJAZER/Reuters


La présidente du Front national, qui se plaint de la défection de 23 maires, fait aussi face à de sérieux problèmes financiers.

Sincérité ou comédie? Marine Le Pen, qui visitait vendredi le Salon de l'agriculture, à Paris, avait l'air préoccupée en contemplant les vaches charolaises, massives et placides malgré la nuée des photographes.
À quatorze jours de la date limite du dépôt des parrainages, le 16 mars, la candidate affirme qu'il lui manque encore 48 des 500 signatures nécessaires pour concourir. La présidente du Front national s'était pourtant montrée assez optimiste voilà dix jours. Mais jeudi soir, sur France 2, elle a attribué ses difficultés au revirement de 23 maires qui lui avaient accordé une promesse de parrainage.
Habitués aux déclarations alarmistes du FN sur la collecte des signatures à chaque présidentielle, les commentateurs expriment souvent un certain scepticisme sur la sincérité des inquiétudes de Marine Le Pen. Il pourrait, en effet, y avoir avantage pour elle à maintenir le suspense jusqu'au dernier jour afin de se présenter comme une victime du «système» qui ne réussirait à se présenter que de haute lutte.
A contrario, le Front national a annulé deux meetings de leur championne, à Auxerre le 11 mars et à Clermont-Ferrand le 25 mars. Une décision qui n'est pas de nature à galvaniser les sympathisants de la candidate ni à dynamiser sa campagne.
La raison avancée par le parti d'extrême droite - le manque d'argent - est donc sans doute exacte. «Les banques attendent qu'on ait les signatures pour nous accorder des prêts, a affirmé Jean-Michel Dubois, trésorier de la campagne de Marine Le Pen. Pour l'instant, le financement repose sur Cotelec(le micro-parti de Jean-Marie Le Pen, NDLR) et le FN.» Or, les dons consentis par des particuliers à Cotelec ne sont pas inépuisables et le FN demeure financièrement très fragile.
De surcroît, à la droite de Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen n'est pas la seule à solliciter les maires. Carl Lang, ancienne figure du FN qui a claqué la porte pour protester contre l'ascension de Marine Le Pen, est lui aussi en lice. Carl Lang est soutenu par l'imprimeur Fernand Le Rachinel, ancien proche de Jean-Marie Le Pen, et pourvoyeur de parrainages aux présidentielles précédentes.

Un allié irréprochable

Les séquelles de la succession de Jean-Marie Le Pen, en outre, sont encore perceptibles. Peu portée à la conciliation, Marine Le Pen n'a toujours pas pacifié ses relations avec les partisans de Bruno Gollnisch. Si Gollnisch lui-même a le souci de paraître un allié irréprochable, ses partisans, eux, peuvent être tentés de mesurer leur effort. Autant de facteurs qui, ajoutés aux problèmes ressentis par tous les petits candidats - lassitude des maires des communes rurales, poids de l'intercommunalité, ambiguïté d'un parrainage qui peut être assimilé à un soutien - suggèrent que les difficultés alléguées par Marine Le Pen sont réelles.
Il est peu plausible que la candidate du FN n'ait pas rassemblé 500 signatures le 16 mars à 18 heures, date limite de dépôt. Mais il n'est pas sûr qu'elle fasse mieux que son père, qui, en 2007, avait obtenu 554 parrainages homologués.
source: Le Figaro.fr