Sorti fragilisé d'un Euro où les Bleus n'ont pas brillé, Laurent Blanc devrait être fixé sur son avenir début juillet.
A DonetskLa prolongation du contrat de sélectionneur de Laurent Blanc, qui paraissait une formalité au soir de la victoire contre l’Ukraine, est devenue plus incertaine après la semaine de remous vécue par les Bleus. La défaite inattendue contre la Suède, les tensions qui s’en sont suivies dans le vestiaire, l’élimination piteuse face à l’Espagne sont de nature à remettre en cause sa volonté même de continuer l’aventure. Le sélectionneur s’est ainsi montré pour le moins évasif sur son avenir. « On va faire l’analyse de cet Euro dans les jours qui arrivent. Il y aura des satisfactions et des déceptions et vous verrez ce qui se passera par la suite », a-t-il indiqué de manière sibylline. Comme pour se ménager une porte de sortie en cas de divergences dans les discussions qu’il doit avoir avec Noël Le Graët, début juillet.
Désireux de rempiler jusqu’en 2014 avant le début de l’Euro, le sélectionneur avait été éconduit par le président de la FFF, qui avait conditionné la prolongation de contrat au parcours de l’équipe de France en Ukraine avec, comme minimum syndical, une qualification en quart de finale. Une manière de se donner de la marge de manœuvre dans la renégociation. Et d’imposer à Blanc ses conditions, notamment la réduction de son staff pléthorique (23 personnes). Le patron de la FFF vise plusieurs membres de l’encadrement en CDD autant pour des raisons budgétaires que politiques.
«Quelques jours de recul»
Noël Le Graët ne peut tolérer que l’équipe de France fonctionne en autarcie. Dans ces conditions, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il s’efforce à contrôler totalement la vitrine de l’institution qu’il dirige. Au risque de pousser Blanc vers la sortie en rognant sur la liberté d’action accordée par son prédécesseur, Fernand Duchaussoy. «On a décidé tous les deux de prendre quelques jours de recul. On se verra dans une petite semaine. On va regarder les éléments positifs et négatifs, les envies réelles des uns et des autres. Pour le moment, aucune décision n’est prise», s’est contenté de déclarer Le Graët dimanche sur RTL, histoire de laisser mijoter l’ancien champion du monde, plus vraiment en position de force.
Car le principal enseignement de cet Euro tient au fait que Laurent Blanc, comme Raymond Domenech, a été confronté aux comportements individualistes de certains de ses joueurs. Sa méthode consistant à les responsabiliser n’a pas empêché le vestiaire de se fissurer. Une surprise pour un homme qui croyait que son statut d’ancien grand joueur le préserverait de ce genre de mésaventure, notamment avec les joueurs de la génération 87 auxquels il avait décidé de faire confiance.
À partir de ce constat, le Cévenol risque de s’interroger sur le bien-fondé de poursuivre son mandat. L’aura dont il jouit auprès du public s’écornerait s’il devait, dans l’avenir, passer l’éponge sur leur attitude intolérable, notamment celle de Nasri. En même temps, il ne peut pas se permettre d’aborder les éliminatoires du Mondial 2014 – avec l’Espagne comme adversaire - avec une équipe de France dépouillée des joueurs en capacité de lui faire gagner des matchs. La quadrature du cercle…
Face à cette situation, un départ, surtout s’il peut rebondir dans un club à l’étranger, lui éviterait un amas de problèmes. Ce qui pourrait arranger indirectement son ami Didier Deschamps, en réserve de la République à Marseille. Du billard à trois bandes rendu d’autant plus compliqué vu les contreparties financières en jeu.
source : Sport24