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mercredi 13 juin 2012

Une première dame dans la tourmente


Valérie Trierweiler, compagne de François Hollande, le 9 mai 2012. Crédits photo : DI CROLLALANZA GOFFREDO/SIPA/SIPA



L'affaire du tweet de Valérie Trierweiler pose la question de son rôle en politique.

Puisque Valérie Trierweiler veut rester journaliste, autant commencer par le journalisme. À la rédaction de Paris Match plus précisément, où elle continue à exercer ses fonctions dans les pages culture au rythme de trois chroniques par mois. Une concession arrachée de haute lutte.
Dans la presse, le mélange des genres a des odeurs de soufre. Déjà lorsqu'elle n'était que la compagne de François Hollande, le cas de Valérie Trierweiler posait problème au sein de la rédaction. Cela s'est aggravé lorsque le candidat de la primaire est devenu le candidat du PS. Quand il a été élu et qu'elle est devenue première dame, cela a encore empiré. Alors après l'affaire du tweet… «Quinze jours à peine se sont écoulés depuis qu'une solution a été trouvée et elle met déjà toute la rédaction mal à l'aise, déplore un journaliste de Paris Match. Le pire, c'est que toute la presse de France ne va parler que de cela, sauf nous.»
Sa bataille pour conserver son travail avait pourtant de l'allure. «Indépendante» avant l'élection de François Hollande, Valérie Trierweiler entendait le rester après. Elle s'était battue pour cela et avait finalement réussi à conserver son activité. Comme pour se justifier à l'avance de l'avalanche des inévitables critiques, elle avait consacré sa première chronique à Eleanor Roosevelt, une première dame journaliste avant elle. «Présomptueux», avait-on alors jugé. Sa prochaine chronique sera moins sujette à interprétation, elle la consacre au nouveau livre de l'écrivain Amanda Sthers.
À Paris Match comme partout, son tweet n'a pas mis longtemps à faire le tour de la rédaction. Les réactions qu'il a provoquées en apprennent beaucoup sur le caractère de la première dame. Mardi à Paris Match, c'est jour de bouclage. Tous les journalistes ou presque sont présents. «La stupéfaction était unanime, raconte l'un d'eux. Les gens se sont dit que décidément elle ne changerait jamais. Elle est éruptive. Quand elle déteste quelqu'un, elle ne peut pas se retenir. Elle ne s'est pas retenue.»

La rivalité remonte loin

L'affaire du tweet ne serait donc que cela, une histoire de jalousie. D'ailleurs, les anecdotes fourmillent sur la rivalité privée entre Valérie Trierweiler et Ségolène Royal. C'est ce texto qu'elle envoie à une journaliste de Paris Match pour lui reprocher d'avoir parlé dans un article du «couple Royal-Hollande» au lieu de «l'ex-couple». C'est ce meeting de la campagne présidentielle où, pendant que Ségolène Royal et François Hollande font scène commune, elle reste en loge puis force la main de sa rivale dans les tribunes pour une photo commune. C'est aussi ce rassemblement place de la Bastille au soir de la victoire de François Hollande où elle lui souffle de l'embrasser «sur la bouche» après qu'il ait embrassé son ex sur la joue.
La rivalité remonte loin. Elle est apparue au grand jour après la campagne présidentielle de 2007, lorsque Ségolène Royal a annoncé publiquement avoir demandé à François Hollande de «quitter le domicile conjugal». Lui était déjà à l'époque avec Valérie Trierweiler. C'est la toile de fond privée de l'élection présidentielle de 2007. Celle qui, a posteriori, éclairera d'une lumière différente les affres de la campagne de Ségolène Royal. Jusqu'à cet aveu récent de l'actuelle première dame publié dans le livre de Constance Vergara, Valérie, Carla, Cécilia, Bernadette et les autres (Éditions Tallandier). «Je ne suis pas allée voter ce jour-là, je ne le pouvais pas, ne le voulais pas», confie Valérie Trierweiler. L'inimitié est profonde. Et elle ne regarde que les deux femmes. Le malaise intervient lorsque leur querelle fait irruption dans le champ public, comme avec l'affaire du tweet. Car elle pose immanquablement la question du rôle de la première dame. «J'ai du caractère, on ne peut pas me brider», confiait fin avril Valérie Trierweiler à l'hebdomadaire Femme actuelle. Elle le reconnaissait aussi: «François me fait totalement confiance. Sauf sur mes tweets! Certains aimeraient que je réagisse moins sur ce réseau social, mais tout le monde respecte ma liberté.»
Le problème, c'est que cette liberté a très largement empiété sur celle du PS qui s'était entièrement engagé derrière la candidature de Ségolène Royal à La Rochelle. Ce faisant, Valérie Trierweiler a mis en débat la question du rôle et du statut de la première dame. Avec une interrogation centrale: quelle est la légitimité de la compagne du chef de l'État à intervenir dans le débat politique?
source : Le Figaro