Pages

mardi 21 août 2012

Une canicule trop longue fait peser un risque sur l'économie

Le beau temps est souvent synonyme de bonnes affaires pour les commerçants. Mais un épisode de chaleur trop forte, ou trop long, produit l'effet inverse. La canicule de 2003 a coûté au moins 15 milliards d'euros.

En France, plus des deux tiers de l'économie (70%) sont considérés comme météo-sensibles, selon les chiffres de Climpact, qui étudie et prévoit l'impact de la météo sur le comportement d'achat des consommateurs.
Mais une chaleur étouffante, comme celle qui traverse actuellement l'Hexagone, n'est pas forcément synonyme de soutien à l'économie. Au contraire. L'épisode caniculaire que nous connaissons n'a pas l'envergure de celui de 2003 (plus de 10 jours), mais il rappelle les effets néfastes que peuvent avoir de fortes chaleurs sur l'économie française.

Hausse de la consommation d'électricité pour les climatiseurs.

Un rapport du Sénat de 2004 sur «La France et les Français face à la canicule de 2003» est de ce point de vue assez éloquent. Les sages ont ainsi chiffré de 15 à 30 milliards d'euros l'impact négatif de l'épisode sur la croissance française (0,1 à 0,2 % du PIB). Parmi les causes principales, outre les effets de la sécheresse, une hausse des prix de l'électricité, après une progression de la consommation (5 à 10 %) pendant l'été 2003 (réfrigérateurs, congélateurs climatiseurs, ventilateurs….). Des dépenses qui réduisent d'autant la part du budget des Français affecté à d'autres achats.
Une trop grosse chaleur provoque ainsi les effets inverses à ceux attendus d'une période de beau temps classique, allant jusqu'à détourner les Français des magasins. En août 2003, les achats de vêtements avaient ainsi régressé de 8,3% sur un mois, et la consommation de viande de 8% entre mi-juin et début septembre, par rapport à la même période en 2002. Des conditions météorologiques normales sont donc meilleures pour l'économie.

Finir dignement la saison touristique

Ce retour à la normal, attendu pour mercredi prochain, confirmera que la canicule actuelle, de moindre ampleur que la précédente, aura par conséquent des effets néfastes plus limités. Toutefois, les espoirs des commerçants de finir dignement leur saison se concrétisent. D'autant qu'il reste encore quinze jours avant le début de la rentrée scolaire, un timing favorable aux séjours de dernière minute, comme ce fut le cas cette semaine. Affectés par une baisse de 20 % de leur activité en juillet, les commerçants de la plupart des stations balnéaires du littoral français ont vu affluer ce week-end les touristes, à la recherche d'un peu de fraîcheur et d'air pour éviter la surchauffe des villes. Ce fut le cas ce week-end à Cabourg, où sur la côte dunkerquoise, où tous les hôtels affichaient complets samedi soir, contrairement au reste de la saison.
Même constat chez certains industriels, où les grosses chaleurs sont favorables à certains produits de grande consommation: eau en bouteille, crèmes solaires, sodas, bières, glaces… même si les glaciers rivalisent d'imagination pour séduire les consommateurs toute l'année. De quoi compenser les effets de la météo capricieuse du début de l'été. Entre mars et mai, les ventes de produits solaires avaient chuté de 37%, et celles des glaces de 20% sur un an, a estimé l'agence de météo-sensibilité Metnext. À noter toutefois qu'au-delà d'un certain seuil, estimé à 33°C, l'eau emporte la préférence des consommateurs sur toute autre boisson.
À l'inverse, cet épisode de chaleur ne devrait pas suffire à compenser partout le manque à gagner lié au mauvais temps d'avril à juillet. C'est le cas chez le spécialiste du camping-car Trigano, qui avait expliqué fin juin la dégradation de ses ventes au troisième trimestre (-10,8 %) par des «conditions météorologiques particulièrement défavorables aux achats d'équipements de plein air».
source : Le figaro