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samedi 1 octobre 2011

Les États-Unis éliminent un haut-responsable d'al-Qaida


Anwar al-Aulaqi, un imam radical né aux États-Unis a été tué vendredi au Yémen par un drone américain. Washington en avait fait un de ses objectifs prioritaires depuis la mort d'Oussama Ben Laden.

Cinq mois après la mort d'Oussama Ben-Laden, les États-Unis enregistrent un autre succès majeur dans leur lutte contre al-Qaida. Anwar al-Aulaqi, un imam radical américano-yéménite, a été abattu vendredi matin au Yémen. Washington le traquait depuis deux ans et en avait fait un de ses objectifs prioritaires, au même titre que le successeur d'Oussama Ben Laden à la tête du mouvement islamiste, Ayman al-Zawahri.
Les précisions officielles sur les circonstances de la mort d'Anwar al-Aulaqi, 40 ans, ont été peu nombreuses. Deux responsables de l'administration américaine ont confirmé sous couvert d'anonymat que le porte-parole d'al Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa) a été abattu, vers 9h30, par un drone américain de la CIA. Aulaqi et six autres personnes, dont l'Américain d'origine pakistanaise Samir Khan, expert en informatique d'al-Qaida, ont péri lorsque le missile a pulvérisé leur pick-up Toyota. Un homme qui les accompagnait à bord d'un Toyota Land Cruiser suivant à quelques mètres d'écart a été blessé. Le convoi se trouvait entre Maarib, à 140 kilomètres à l'est de Sanaa, et Jouf, province désertique limitrophe de l'Arabie saoudite, au nord du pays.

Lié à la tuerie de Fort Hood et à l'attentat raté du vol Amsterdam-Détroit

Anwar al-Aulaqi est le premier citoyen américain à être la cible d'une élimination dans le cadre de la lutte contre le terrorisme post 11 septembre 2001. Sa mort devrait avoir un impact sur la capacité de recrutement et de financement d'Aqpa au Yémen. «Il est assez persuasif pour recruter des militants isolés qui ne gravitent pas forcément au départ autour d'al-Qaida», soulignait au printemps dernier l'Institut australien de politique stratégique. Parlant couramment l'anglais, il était le meilleur propagandiste anglophone du mouvement islamiste. Ses sermons et analyses, qui visaient notamment les jeunes musulmans américains, étaient très suivis sur internet et ont inspiré plusieurs attentats.
Né au Nouveau Mexique en 1971, Aulaqi est le fils d'un ancien ministre yéménite de l'Agriculture. Après une enfance au Yémen, il retourne étudier aux États-Unis où il décroche un diplôme d'ingénierie civile. Dans le même temps, il commence à prêcher dans différentes mosquées. Dans celle de San Diego, les services secrets américains pensent même qu'il a pu être en contact avec deux des pirates du 11 septembre 2001. Aulaqi repart au Yémen en 2004, où ses liens avec al-Qaida lui valent d'être emprisonné un an entre 2006 et 2007. À sa libération, il rentre vite en clandestinité.
Washington le soupçonne d'avoir influencé voire d'avoir organisé la fusillade qui a fait 13 morts sur la base de Fort Hood, au Texas, en novembre 2009. Il a, en effet, entretenu une correspondance avec l'auteur présumé de la tuerie, le commandant Nidal Hassan. Il aurait aussi recruté et entraîné le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, qui avait essayé de mettre le feu à un engin explosif caché dans ses sous-vêtements lors du vol Amsterdam-Détroit de Noël 2009. Aulaqi aurait aussi inspiré l'attentat manqué à la voiture piégée de Times Square en mai 2010 et la tentative de meurtre dont fut victime le député britannique Stephen Timms. Son agresseuse présumée est passée à l'acte après avoir visionné plus de 100 heures de ses harangues. Enfin l'Américano-yéménite aurait aussi joué un rôle dans la vague de colis piégés qui ont été adressés en octobre 2010 à des synagogues de la région de Chicago.
Sa disparition pourrait aussi avoir des répercussions sur la contestation qui secoue le Yémen depuis plusieurs mois. Son décès pourrait justifier un des arguments du président Saleh qui souligne depuis plusieurs mois son statut de partenaire privilégié de Washington dans la lutte contre al-Qaida.
source:Le Figaro.fr