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samedi 1 octobre 2011

Sarkozy ne veut pas «laisser tomber» la Grèce


Nicolas Sarkozy a exhorté le premier ministre grec à laisser venir des experts européens dans son pays pour montrer l'étendue des efforts accomplis. 

Malgré le vote massif du Bundestag allemand en faveur du second plan d'aide à la Grèce, jeudi, la course contre la montre continue pour Georges Papandréou. Elle a pris l'allure d'un marathon: le premier ministre grec a d'abord rencontré, vendredi matin à Varsovie, le président européen Hermann Van Rompuy pour préparer le sommet du 18 octobre prochain qui s'annonce crucial, trois mois après celui du 21 juillet qui avait consacré un renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) sans convaincre les marchés.
Georges Papandréou s'est ensuite rendu à l'Élysée, en fin de journée, pour un entretien avec Nicolas Sarkozy. Il a assuré au président français que son pays était «déterminé à faire tous les efforts nécessaires», pour éviter la faillite de son pays et a invité des experts des États de la zone à se rendre à Athènes pour vérifier l'étendue des réformes en cours. C'est l'une des principales avancées de la rencontre de vendredi à Paris : «Le président a insisté auprès du premier ministre grec pour qu'il soit totalement transparent à l'égard des pays créanciers», explique-t-on dans l'entourage de Nicolas Sarkozy. Autrement dit, pour qu'il prouve aux citoyens européens que la Grèce faisait le maximum pour tenir ses objectifs. L'enjeu est de taille, comme en témoigne l'accueil virulent que reçoivent les responsables de la Troïka (UE, FMI et BCE) revenus vendredi à Athènes pour évaluer le processus de consolidation budgétaire mis en place par le gouvernement. Les fonctionnaires manifestant devant les administrations leur ont bloqué plusieurs accès aux ministères, au point que la rencontre avec les ministres des Finances et de la Réforme de l'administration se sont déroulées dans des bureaux anonymes à Athènes pour éviter la contestation.

Une obligation morale 

Ces tensions sociales ont conduit le président de la République à louer les efforts de la Grèce, dans une déclaration solennelle depuis le perron de l'Élysée. «Le peuple grec a beaucoup souffert (…) mais il doit comprendre que ces dernières années trop de réformes ont été retardées.» La France sera à ses côtés, a-t-il assuré. «Nous avons une obligation morale à l'endroit des pays membres de la zone euro et de l'Union européenne, estime Nicolas Sarkozy. L'Europe, c'est une civilisation, une famille et une solidarité: quand dans une famille, l'un des membres est en difficulté, tous les autres doivent l'aider.» Pour le président, donc, «il n'est pas question de laisser tomber la Grèce», car «l'échec de la Grèce serait l'échec de toute l'Europe».
À Paris, on s'en tient bec et ongles à l'application stricte du plan voté le 21 juillet. Après l'Allemagne, jeudi, l'Autriche l'a approuvé à son tour vendredi, devenant ainsi le douzième État à dire oui sur dix-sept. Les dirigeants européens souhaitent que l'accord soit d'abord adopté par tous les pays membres - d'ici la mi-octobre - avant d'évoquer tout éventuel renforcement du plan. «Question de crédibilité politique», martèle-t-on à l'Élysée, où l'on parie sur le fait que les marchés financiers finiront par se convaincre qu'au-delà de l'inévitable lenteur du processus politique l'Europe prend les mesures adaptées pour répondre à la crise de la dette.
Mais cette deuxième étape pourrait s'enclencher rapidement : Nicolas Sarkozy a indiqué qu'il se rendrait à Berlin dans les prochains jours pour rencontrer la chancelière allemande afin d' «accélérer l'intégration économique de la zone euro et de mettre en place le plus rapidement possible» le plan de sauvetage de la monnaie unique et de la Grèce décidé le 21 juillet. Cette rencontre pourrait intervenir le week-end prochain.
source:Le Figaro.fr