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vendredi 27 avril 2012

Le streaming illégal n'a pas digéré l'arrêt de Megaupload

La très forte audience en France de Megaupload, dont les serveurs ont été coupés par le FBI en janvier, peine à se reporter vers de nouveaux services. Le «peer-to-peer» fait du sur-place.

En obtenant la fermeture de Megaupload et de Megavideo le 19 janvier, les États-Unis ont profondément désorganisé le marché du piratage en streaming et en téléchargement direct. Après trois mois, aucun nouveau champion n'a clairement émergé en France. Et le trafic des principaux annuaires de films et de séries piratés, qui se reposaient sur les fichiers hébergés par les sites de la galaxie «Mega», continue de baisser.
L'exemple de DPStream est frappant. Ce site est le plus important annuaire de contenus pirates en streaming en français, selon un classement établi par l'Idate pour l'Hadopi (voir le pdf). En mars, 1,3 million de Français ont visité ses pages, d'après des chiffres de Médiamétrie. Ils étaient 2 millions en décembre. Son concurrent Streamiz ne se porte pas mieux: son audience a été divisée par deux, à 736.000 visiteurs uniques. Quant au populaire forum Wawa-Mania, il stagne à 661.000 visiteurs en mars.
Depuis la fermeture de Megaupload et de Megavideo, les annuaires de streaming et de téléchargement direct ont perdu de leur attrait. Ils ont d'abord été contraints de modifier en urgence leurs liens afin de pointer vers des plates-formes d'hébergement de fichiers toujours en service. Sur DPStream, les vidéos sont aujourd'hui stockées pour moitié sur PureVID, pour moitié sur MixtureVideo, a analysé l'Idate. En mars, ces deux plates-formes ont totalisé près de 1,5 million de visites en France, alors que MegaVideo dépassait régulièrement les 2 millions.

De nouvelles restrictions

Les annuaires ont ensuite été pénalisés par les nouvelles restrictions mises en place des services d'hébergement de fichiers, qui se montrent plus prompts que Megaupload à effacer les contenus signalés par les ayants droit. RapidShare, un des rares dont l'audience a augmenté, vient de publier un manifeste contre le piratage et s'est engagé à baisser ses vitesses de chargement pour les non-inscrits. «La qualité de service en termes de débits disponibles a nettement diminué depuis la fermeture de Megaupload», notait l'Idate dans son rapport. Le marché est toutefois «en voie de réorganisation plutôt que de régression», ajoutaient, prudemment, les auteurs de l'étude.
Cette lente recomposition du paysage du streaming et du téléchargement direct, qui aurait pu profiter aux services de «peer-to-peer», comme l'ont laissé croire de premières observations en janvier, n'a pour l'instant pas eu l'effet anticipé. L'audience de quatre principaux services (µTorrent, BitTorrent, eMule et LimeWire), dont l'Hadopi se félicitait de la baisse de 29% en 2011, est restée calée autour de 3 millions de fidèles depuis l'automne dernier. À l'inverse, des premiers indicateurs laissaient voir un effet positif sur les plates-formes légales de vidéo à la demande.
L'Hadopi, qui a reçu pour mission de Nicolas Sarkozy de s'attaquer aux plates-formes de téléchargement direct et de streaming illégal, en plus du «peer-to-peer», publiera prochainement un rapport sur le sujet. François Hollande, qui veut s'il est élu «repenser» la loi Hadopi et mener «une évaluation approfondie» du bilan de la Haute Autorité, a déjà indiqué son intention d'instaurer «un cadre juridique adapté à la lutte contre les services ou intermédiaires illégaux». C'est-à-dire les plates-formes et les annuaires de téléchargement et de streaming illégaux.
source : Le Figaro