Une avocate algérienne a annoncé avoir été chargée par Mohamed Benalal Merah de poursuivre devant la justice française l'unité spéciale de la police, pour assassinat.
Il a mis sa menace à exécution. Mohamed Benalal Merah, le père du jeune homme qui a abattu froidement trois militaires à Montauban, puis trois écoliers et un enseignant juifs à Toulouse, a engagé mardi une avocate algérienne pour qu'elle porte plainte contre le Raid. Me Zahia Mokhtari est chargée de poursuivre les services de sécurité français «pour n'avoir pas respecté la procédure pendant la tentative d'interpellation» de Mohamed Merah et pour «l'assassinat» de ce dernier, a-t-elle indiqué mercredi soir.La plainte devrait être déposée «dès l'enterrement achevé», probablement avant la fin de la semaine. Les préparatifs des obsèques se sont d'ailleurs poursuivis mercredi. La dépouille de Mohamed Merah, qui devrait voyager sur un vol régulier d'Air Algérie prévu à 13 h 15 jeudi, est attendue à Alger en début d'après-midi. S'il manque encore le feu vert du consulat algérien pour fixer la date des obsèques, le tueur de Toulouse devrait être inhumé en fin de semaine ou en tout début de semaine prochaine, dans la région de Médéa où son père réside avec sa troisième épouse.
Mohamed Benalal Merah, qui entretenait des relations tumultueuses avec son fils, a soufflé le chaud et le froid ces derniers jours. «Je vais engager les plus grands avocats et travailler le reste de ma vie pour payer les frais», a-t-il déclaré lundi, déclenchant un tollé dans la classe politique française, à l'instar d'Alain Juppé, qui lui a conseillé «de se taire». Mais, mercredi matin, alors qu'il s'exprimait dans la presse algérienne, il a semblé avoir renoncé à la bataille judiciaire. «Je n'ai pas dit que j'allais poursuivre en justice l'État français, a-t-il affirmé. Mais je suis triste de la manière dont mon fils a été tué.»
«Peut-être que ce n'est pas lui qui a tué»
Ce père blessé, «dépassé par les événements», selon l'oncle maternel de Mohamed Merah, dit toujours «ne pas admettre l'assassinat» de son fils et avoir des doutes sur sa culpabilité dans les tueries de Montauban et de Toulouse. «Il aurait fallu l'arrêter et enquêter avec lui. Peut-être qu'il leur aurait fourni des informations, assène-t-il. Peut-être que ce n'est pas lui qui a tué. En tuant mon fils, les services français ont perdu des preuves, et moi, mon fils.»
Connue à Alger pour avoir fait libérer en 2005 Ibrahim Boudaoui, poursuivi en Allemagne en raison de son appartenance supposée à al-Qaida, Me Mokthari soutient qu'elle n'aurait «pas accepté cette affaire» si elle n'était pas sûre de pouvoir la gagner. Elle entend «faire éclater la vérité». Et affirme détenir des preuves à charge contre le Raid. Ces éléments lui sont parvenus, dit-elle, «de personnes qui étaient au cœur de l'événement» lorsque Mohamed Merah a été tué, le 22 mars dernier.
Une voiture suspecte dans l'Aude
Des policiers du SRPJ de Toulouse et de la sous-division antiterroriste (Sdat) enquêtent sur une voiture appartenant à «un homme qui habite dans le même immeuble que Mohamed Merah», affirmait mercredi soir le site midilibre.fr, citant une source proche du dossier. Cette Renault Clio, immatriculée en Haute-Garonne (31), visiblement abandonnée depuis plusieurs jours, a été repérée mercredi en fin de journée dans un village proche de Castelnaudary. Un casque et un carénage de scooter T-Max, la même marque que l'engin utilisé par Merah pour ses assassinats, auraient été découverts à l'intérieur du véhicule.
source: Le Figaro.fr