Même en politique, les amitiés survivent toujours aux rendez-vous manqués: à un mois du premier tour, Jean-Louis Borloo a fait vendredi son apparition dans la campagne présidentielle de son "ami" Nicolas Sarkozy, avec la volonté d'y muscler la dimension "sociale".
AFP
Enfin ! En 2007, le député centriste du Nord était venu prêter allégeance au candidat de l'UMP lors d'un dîner aux Baux-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Presque cinq ans jour pour jour plus tard, le patron du Parti radical a renouvelé l'opération sur ses terres de Valenciennes, avec le même enthousiasme.
Etreintes complices, grands sourires, clins d'oeils... La brouille qui a vu le président refuser en 2010 Matignon à son ministre de l'Ecologie et celui-ci envisager à haute voix une candidature concurrente à l'Elysée est oubliée. Comme la fronde de ses amis du Parti radical qui a contraint Jean-Louis Borloo à sécher le grand meeting de l'UMP à Villepinte.
Nicolas Sarkozy est heureux de reprendre sa campagne de terrain à Valenciennes et de pouvoir y fermer la parenthèse douloureuse ouverte lundi par la tuerie de Toulouse. "C'est une belle journée, parce que depuis cinq ou six jours, c'est la première fois qu'on peut être un peu détendu", a-t-il soufflé vendredi, "et puis avec Jean-Louis, ce ne sont vraiment pas des retrouvailles, on ne s'est jamais séparés quand même, on a toujours été amis".
Ravi, Jean-Louis Borloo l'est aussi. Et c'est avec fierté que l'ancien maire de Valenciennes (1989-2002) a promené le chef de l'Etat parmi les pavillons proprets qui ont remplacé les barres d'immeuble du quartier du Faubourg de Cambrai, les commerces de la rue de la Vieille-Poissonnerie et les étroites rues de briques rouges du centre-ville.
"Il y a dix ans, plus personne n'osait se promener ici", a raconté le député du Nord entre deux poignées de main, "quand je pense que personne ne voulait qu'on refasse tout ça. Mais moi j'ai dit +non, ici on ne fait pas comme ça+". "N'exagérons pas", s'est amusée une habitante, un peu en retrait, "on n'était pas très content d'habiter ici, mais quand même!"
Bref, Jean-Louis Borloo est heureux de rejoindre Nicolas Sarkozy, à qui il a promis un soutien inconditionnel. Sans états d'âme, ni arrière-pensées, malgré les critiques qui dénoncent, au sein même de la majorité, la stratégie très à droite retenue par Nicolas Sarkozy, notamment sur l'immigration.
Le président du Parti radical s'est ainsi dit ravi de certains signes adressés par Nicolas Sarkozy, comme la lutte contre l'exil fiscal ou le lancement d'un deuxième plan de rénovation urbaine. "Un pays ne peut être fort que s'il traite ses fragilités", s'est-il félicité.
"On vient de vivre des événements qui ont montré la nécessité d'avoir une France forte", a décrypté un autre régional de l'étape, le secrétaire général adjoint de l'UMP Marc-Philippe Daubresse, "Jean-Louis veut pousser l'idée qu'il faut aussi une France juste, qui s'occupe des plus faibles".
Entre autres idées, l'ex-ministre a plaidé auprès du président-candidat pour "une deuxième chance aux familles surendettées de bonne foi", le soutien aux "élèves en difficulté dans le primaire", l'aide au logement pour les salariés précaires ou encore un "Grenelle de la fiscalité".
"Il a parfaitement raison bien sûr, on est fort parce qu'on est juste", lui a répondu M. Sarkozy, "Jean-Louis m'apportera toute sa force, ses convictions et certaines de mes prochaines propositions seront inspirées de ce qu'il me propose". "Vous allez m'entendre", a renchéri son hôte, enthousiaste, je suis complètement engagé".
source: msn.fr