Photo: Le figaro.fr
La chanteuse cap-verdienne Cesaria Evora, appelée «la diva au pieds nus», est morte ce samedi dans un hôpital du Cap-Vert. Son décès a été annoncé le ministre cap-verdien de la Culture, Mario Lucio Sousa confirmant ainsi une information du journal Noticias.
Cesar Evora, 70 ans, avait mis fin à sa carrière en septembre dernier. La chanteuse, qui s'était produite en avril sur la scène parisienne du Grand Rex n'avait donc pas honoré pas les concerts qu'elle devait donner cet automne. «Ses problèmes de santé font suite à plusieurs interventions chirurgicales qu'elle a subies ces dernières années, dont une opération à coeur ouvert, en mai 2010», avait indiqué la maison de disques. Celle que les Cap-verdiens appelaient affectueusement «Cize» avait été victime d'un accident vasculaire cérébral.
Depuis 1988, la chanteuse, fille d'un musicien et d'une cuisinière, avait beaucoup contribué à populariser la world music en Europe grâce à des albums d'une rare élégance. Sur scène, sa personnalité charmait autant que sa voix.
Faisant partie d'une fratrie de 7 enfants, elle avait fait ses débuts en 1991 sur la scène internationale. Le grand public a découvert cette ancienne chanteuse des bars de Mindello, la capitale de l'île cap-verdienne de Sao Vicente, en 1992, grâce à la parution cette année-là de son troisième album, Miss Perfumado, et de deux concerts triomphaux au Théâtre de la Ville à Paris. À elle-seule, elle a permis de placer le Cap-Vert sur la carte des musiques du monde.
Justesse, swing et douceur
Dans les années 1958-60, la jeune femme était la protégée du compositeur Gregorio Conçalves, surnommé Ti Goy. Il lui taille alors sur mesure un répertoire qu'elle continuait de défendre lors de ses dernières apparitions scéniques. «Je connaissais Ti Goy bien avant de commencer à chanter. Son intérêt était de faire connaître ses morceaux. Je les chante depuis si longtemps qu'ils font partie de moi. Peut-être m'ont-ils porté bonheur, qui sait?», expliquait-elle en 2008 au Figaro.Plongée dans la misère et dans l'alcool, Cesaria devra attendre de longues années avant de pouvoir sortir des frontières de chez elle. «À une époque, j'ai réalisé des enregistrements aux Pays-Bas et au Portugal, mais cela n'avait rien donné», expliquait-elle sans amertume. Elle accepte et rencontre alors un homme qui sera son mentor et son producteur, le Franco-Capverdien José Da Silva. Son charme vocal était caractérisé par sa justesse, son swing et sa douceur.
Le succès tardif de la chanteuse ne s'était jamais démenti, et s'est même propagé à travers le monde. C'est le célèbre Sodade qui assura sa notoriété internationale. Sa voix rauque et chaloupée a popularisé la musique de son pays, la Morna. Madonna avait déclaré être une de ses plus ferventes admiratrices.
En 2009, elle avait sorti un album Nha Sentimento (Nos sentiments) salué par la critique. A l'époque elle était venue jouer encore et toujours à Paris. Ce petit bout de femme usée par la vie apparaissait transfigurée lorsqu'elle posait les pieds, nus, sur la scène. Parfois, elle s'arrêtait pour une gorgée de cognac ou pour griller une cigarette, faisant passer le public du rire aux larmes.
source:Le Figaro.fr