Devant la justice californienne, le médecin de la star s'est défendu en assurant que le chanteur avait «provoqué sa propre mort» en prenant seul un médicament. L'accusation a diffusé un enregistrement sonore saisissant du chanteur et une photo de sa dépouille.
Deux ans après, les questions demeurent : le Dr Conrad Murray est-il impliqué, de près ou de loin, dans la mort de Michael Jackson ? La justice californienne devra trancher : mardi s'est ouvert en effet le procès du médecin personnel du chanteur, qui comparaît pour homicide involontaire.Les débats ont commencé devant une salle pleine à craquer, où étaient également présents les parents de Michael Jackson, Katherine et Joe, ainsi que ses frères et soeurs Jermaine, Janet, LaToya, Randy, Tito et Rebbie. Le procès, qui se tient devant la Cour supérieure de Los Angeles, est intégralement filmé et retransmis à la télévision et sur Internet (sur CNN et TMZ). Il devrait durer environ cinq semaines, à l'issue desquelles douze jurés - sept hommes et cinq femmes - scelleront le sort du médecin, qui risque jusqu'à quatre ans de prison.
«La mort de Michael Jackson est un homicide»
Dans les heures qui avaient suivi la mort du «roi de la pop», survenue le 25 juin 2009, Conrad Murray s'était retrouvé dans le collimateur de la police. Il était en effet apparu très vite que le chanteur abusait de nombreux médicaments que le médecin lui prescrivait, notamment du propofol, un puissant anesthésique qu'il utilisait comme somnifère et qui est à l'origine de sa mort.Mardi, à l'ouverture du procès, le ton a été donné par le procureur David Walgren : «Les preuves vont vous montrer que Michael Jackson a mis sa vie entre les mains du docteur (...) La mort de Michael Jackson est un homicide». Pendant les mois qui ont précédé le décès du chanteur, le docteur lui «a administré quotidiennement du Propofol», a assuré le procureur.
Autre zone d'ombre du dossier: pendant que Michael Jackson était en train de mourir, son médecin «a eu une intense activité sur son téléphone portable». 21 coups de fil. Sans compter les mails et les textos. Étrange, aux yeux du procureur. «Nous nous attendons, a-t-il poursuivi, à ce que les preuves montrent que Conrad Murray a à plusieurs reprises commis des fautes lourdes».
Un enregistrement sonore de Michael Jackson
L'accusation a par ailleurs diffusé un enregistrement sonore dans lequel la star s'adresse à son médecin avec une voix inarticulée, apparemment sous sédatifs. Cet appel téléphonique, passé un mois et demi avant son décès le 25 juin 2009, porte sur les dispositions relatives à la série de concerts que le chanteur avait prévu de donner pour sa nouvelle tournée, «This is it», qui devait débuter le 13 juillet 2009 à Londres. «Je veux que les gens se disent en quittant mon concert 'je n'ai jamais rien vu de tel dans ma vie, c'est incroyable, c'est le plus grand artiste de tous les temps'», explique péniblement Michael Jackson dans l'enregistrement. Il y affirme également que l'argent de la tournée lui permettra de construire «le plus grand hôpital pour enfants du monde».Cette conversation prouve, selon l'accusation, que le Dr Murray savait ce qu'il «faisait à Michael Jackson en mai 2009, soit plus d'un mois et demi avant que Michael meure de ce même traitement», a déclaré le procureur. David Walgren a également indiqué qu'au cours des jours qui avaient suivi cet appel et malgré l'état de santé précaire du chanteur, le Dr Murray avait commandé un important lot de propofol et de midazolam, un anxiolytique. Quelque 15,5 litres de ce médicament avaient été ainsi achetés par le Dr Murray. Assis dans un fauteuil en tissu, le Dr Murray, le front dégarni, vêtu d'un costume gris à rayures, encaissait l'air grave les attaques du procureur. A plusieurs reprises, il a laissé coulé quelques larmes.
Mais le moment le plus pénible de la journée aura probablement été lorsque le procureur a diffusé une photo (visible ICI) de la dépouille de Michael Jackson, allongée sur un brancard, qui a créé un bref électrochoc dans la salle.
Le comportement de la star mis en cause
La parole a ensuite été donnée à la défense, qui a aussitôt mis en cause le comportement de Michael Jackson. «Il a agi sans que le médecin ne le sache, sans sa permission, à l'encontre de ses consignes et ce qu'il a fait a provoqué sa propre mort», a déclaré l'avocat du médecin, Ed Chernoff. Il a également clamé que la star avait avalé plusieurs pilules de lozarepam le matin de sa mort, «une dose suffisante pour faire dormir six personnes».«Des preuves scientifiques vont vous montrer que quand le docteur Murray a quitté la chambre, Michael Jackson s'est lui-même administré une dose de propofol qui, avec le lorazepam, a provoqué une véritable tempête dans son corps», a-t-il ajouté à l'adresse du jury. Cette combinaison «l'a tué instantanément», a-t-il assuré.
Pour l'avocat de la défense, si MichaelJackson s'est auto-médicamenté, c'est parce que le docteur a voulu lui faire arrêter le propofol. «Le Dr Murray a prescrit du propofol pendant deux mois à Michael Jackson pour qu'il puisse dormir. Pendant ces deux mois, il a dormi, il s'est réveillé, et il a vécu sa vie», a-t-il expliqué. Néanmoins, le Dr Murray a tenté de sevrer la star quelques jours avant sa mort, en lui proposant d'autres médicaments pour dormir.
«Il faut que je dorme, sinon ils vont annuler ma tournée»
Le troisième jour du sevrage, «Michael Jackson n'arrêtait pas de demander pourquoi il n'arrivait pas à dormir ... Quand il a dit au Dr Murray 'il faut que je dorme, sinon ils vont annuler ma tournée', il le pensait vraiment». Ce jour-là, le Dr Murray a accepté de délivrer une petite dose de propofol à son patient.Le procureur a immédiatement rebondi sur ces déclarations, en affirmant que le docteur n'avait pas donné, contrairement à ce qu'il affirme, une «petite dose, suffisante pour le faire dormir cinq minutes tout au plus». Il l'a également accusé d'avoir caché aux secours qu'il avait prescrit du propofol à la star le jour de sa mort.
Le procureur est également revenu à plusieurs reprises sur le salaire du Dr Murray, qui s'élevait à 150.000 $ par mois (110.000 euros). «Nous n'étions pas dans une relation médecin-patient, mais dans une relation employé-employeur. Le Dr Murray ne travaillait pas pour la santé de Michael Jackson, mais pour 150.000 $.»
À en croire l'avocat des stars Mark Geragos, qui a déjà défendu Michael Jackson, la fille du chanteur, Paris, âgée de 13 ans, pourrait être amenée à témoigner. Présente dans la demeure de son père à Los Angeles lorsqu'il s'est éteint, «elle a non seulement des choses à dire mais elle peut les dire de manière convaincante», a-t-il assuré.
source:Le Figaro.fr